

La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) reste une pathologie fréquente mais encore méconnue et sous-diagnostiquée, avec une prévalence estimée à 7,5 % chez les adultes en France (1).
En l’absence de diagnostic et de prise en charge appropriés, elle entraîne une dégradation progressive de la fonction respiratoire, accompagnée d’une altération de la qualité de vie (2).
- Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM). Bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) – Une toux chronique et un essoufflement à ne pas négliger [en ligne]. [Consulté le 12/09/2025]. Disponible à l’adresse : https://www.inserm.fr/dossier/bronchopneumopathie-chronique-obstructive-bpco/#:~:text=La%20BPCO%20s…
- Assurance maladie. Symptômes, diagnostic et évolution de la BPCO [en ligne]. [Consulté le 12/09/2025]. Disponible à l’adresse : https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/bpco-bronchite-chronique/symptomes-diagnostic-complications
Bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) :
une urgence silencieuse
Avec le Dr Michèle Darmon, médecin généraliste, Enghien-les-Bains
et le Pr Capucine Morélot-Panzini, cheffe du service de pneumologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, AP-HP, et professeure de pneumologie, Sorbonne Université.
Réponses à dix questions d’actualité
sur la BPCO
Avec la collaboration du Dr Michèle Darmon, médecin généraliste, Enghien-les-Bains et du
Pr Capucine Morélot-Panzini, cheffe du service de pneumologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, AP-HP, et professeure de pneumologie, Sorbonne Université.
1.
Qu’est-ce que la BPCO ?
La BPCO est une affection inflammatoire chronique des bronches, marquée par un rétrécissement progressif et une obstruction persistante des voies respiratoires et des poumons, à l’origine de difficultés respiratoires, de toux et d’expectorations
- Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM). Bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) – Une toux chronique et un essoufflement à ne pas négliger [en ligne]. [Consulté le 12/09/2025]. Disponible à l’adresse : https://www.inserm.fr/dossier/bronchopneumopathie-chronique-obstructive-bpco/#:~:text=La%20BPCO%20se%20manifeste%20par,temps%20en%20augmentant%20la%20dyspn%C3%A9e
2.
Quelle est la prévalence de la BPCO ?
La BPCO, reconnue comme un problème majeur de santé publique, touche plus de 380 millions d’adultes dans le monde et représente la quatrième cause de mortalité (1, 2).
En France, elle touche environ 3,5 millions d’adultes et entraîne, chaque année, près de 100 000 hospitalisations ainsi que 20 000 décès (3).
- Organisation mondiale de la Santé (OMS). Le tueur silencieux : pourquoi faut-il attirer l’attention du monde entier sur les maladies respiratoires chroniques ? [en ligne]. [Consulté le 15/09/2025]. Disponible à l’adresse : https://www.who.int/fr/news-room/commentaries/detail/the-silent-killer–why-chronic-respiratory-disease-deserves-global-attention#:~:text=Chaque%20ann%C3%A9e%2C%20plus%20de%20trois,de%20personnes%20dans%20le%20monde
- Organisation mondiale de la Santé (OMS). Bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) [en ligne]. [Consulté le 15/09/2025]. Disponible à l’adresse : https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/chronic-obstructive-pulmonary-disease-(copd)
- Haute Autorité de santé (HAS). BPCO – Causes fréquentes : tabagisme et expositions professionnelles [en ligne]. [Consulté le 12/09/2025]. Disponible à l’adresse : https://www.has-sante.fr/jcms/pprd_2974843/fr/bpco-causes-frequentes-tabagisme-et-expositions-professionnelles#:~:text=En%20France%2C%20la%20BPCO%20touche,2%2F3%20et%2090%20%25
3.
Quels sont les facteurs de risque de la BPCO ?
Le tabagisme, qu’il soit actif ou passif, est le premier facteur de risque de la BPCO, impliqué dans plus de 80 % des cas.
D’autres facteurs, responsables de plus de 15 % des cas, comprennent notamment :
- La pollution de l’air intérieure ou extérieure.
- Les expositions professionnelles ou domestiques :
– L’inhalation de poussières et de substances chimiques telles que les particules minérales (silice, charbon) ou organiques (végétales, moisissures), ainsi que les gaz, vapeurs et fumées » est un sous point des expositions professionnelles et domestiques. - Les infections respiratoires basses répétées durant l’enfance.
- Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM). Bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) – Une toux chronique et un essoufflement à ne pas négliger [en ligne]. [Consulté le 12/09/2025]. Disponible à l’adresse : https://www.inserm.fr/dossier/bronchopneumopathie-chronique-obstructive-bpco/#:~:text=La%20BPCO%20se%20manifeste%20par,temps%20en%20augmentant%20la%20dyspn%C3%A9e
4.
Quels signes doivent alerter sur une BPCO et quel examen permet de la confirmer ?
Chez tout patient âgé de 40 ans ou plus présentant une dyspnée et/ou une toux chronique et/ou des expectorations fréquentes, associées à au moins un facteur de risque de BPCO (tabagisme actif ou passif, pollution de l’air intérieure ou extérieure, expositions professionnelles ou domestiques, infections respiratoires basses répétées durant l’enfance), la réalisation d’une spirométrie s’impose pour établir le diagnostic (1, 2).
Une valeur de VEMS*/CVF** post-bronchodilatateur inférieure à 0,70 confirme une limitation persistante du débit aérien, caractéristique de la BPCO (1, 2).
* VEMS : volume expiratoire maximal à la première seconde.
** CVF : capacité vitale forcée.
- Vestbo J, Hurd SS, Agustí AG et al. Global strategy for diagnosis, management, and prevention of chronic obstructive pulmonary disease: GOLD executive summary. Am J Respir Crit Care Med. 2013;187(4):347-65.
- Haute Autorité de santé (HAS). Guide du parcours de soins bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) [en ligne]. [Consulté le 08/05/2025]. Disponible à l’adresse : https://www.has-sante.fr/jcms/c_1242507/fr/guide-du-parcours-de-soins-bronchopneumopathie-chronique-obstructive-bpco
5.
Comment distinguer cliniquement la BPCO de l’asthme ?

- Haute Autorité de santé (HAS). BPCO : diagnostic et prise en charge [en ligne]. [Consulté le 08/05/2025]. Disponible à l’adresse : https://www.has-sante.fr/jcms/p_3118475/fr/detecter-et-diagnostiquer-la-bpco-meme-sans-symptome-apparent
6.
Quels sont les composants clés du suivi d’un patient atteint de BPCO ?
Parmi les aspects essentiels à considérer dans le suivi de ces patients, on retrouve notamment :
Évaluation clinique
- Accompagnement personnalisé au sevrage tabagique.
- Prise en charge des comorbidités, en particulier cardiovasculaires.
- Suivi régulier des symptômes : dyspnée (score mMRC), toux, expectorations.
- Surveillance de l’état nutritionnel : dénutrition (IMC < 21), maigreur ou perte de poids, avec encouragement à une alimentation équilibrée.
- Suivi de l’activité physique : régularité, temps de marche quotidien, difficultés rencontrées, pour orienter vers une réadaptation respiratoire si nécessaire.
- Évaluation de la tolérance et de l’observance du traitement.
- Vérification de la technique d’inhalation (réévaluation à 1 et 3 mois après toute modification thérapeutique).
- Surveillance de la fréquence des exacerbations.
- Évaluation de la qualité de vie et de la capacité à l’effort.
Évaluation fonctionnelle
- Spirométrie annuelle pour surveiller l’évolution de la maladie.
Éducation thérapeutique du patient (ETP)
- Comprendre la maladie et son traitement.
- Reconnaître les signes d’exacerbation.
- Savoir utiliser correctement les traitements inhalés.
- Adopter des comportements favorables à la santé (activité physique, alimentation, arrêt du tabac).
- Favoriser l’autonomie et l’adhésion au suivi.
- Haute Autorité de santé (HAS). BPCO : diagnostic et prise en charge [en ligne]. [Consulté le 08/05/2025]. Disponible à l’adresse : https://www.has-sante.fr/jcms/p_3118475/fr/detecter-et-diagnostiquer-la-bpco-meme-sans-symptome-apparent
7.
Quel est l’intérêt du dosage des éosinophiles dans le suivi de la BPCO ?
Les éosinophiles, associées à l’inflammation de type 2, constituent un outil précieux pour repérer les patients présentant un risque accru d’exacerbation et de progression de la BPCO (1, 2).
Actuellement, une numération sanguine supérieure à 300 cellules/μl est associée à ce profil à risque, susceptible de bénéficier d’une prise en charge personnalisée (3, 4).
- Société de pneumologie de langue française (SPLF). Inflammation de type 2 dans la BPCO : mythe ou réalité ? [en ligne]. [Consulté le 30/09/2025]. Disponible à l’adresse : https://splf.fr/inflammation-de-type-2-dans-la-bpco-mythe-ou-realite/
- Rabe KF, Rennard S, Martinez FJ et al. Targeting type 2 inflammation and epithelial alarmins in chronic obstructive pulmonary disease: a biologics outlook. Am J Respir Crit Care Med. 2023;208(4):395‑405.
- Gueçamburu M, Zysman M. BPCO et éosinophiles. Rev Mal Respir. 2022;39(8):685‑97.
- Global Initiative for Chronic Obstructive Lung Disease. Global Strategy for the Diagnosis, Management, and Prevention of Chronic Obstructive Pulmonary Disease (2024 report).
8.
Qu’est-ce qu’une exacerbation de la BPCO ?
Une exacerbation de la BPCO, associée à une morbi-mortalité élevée, est définie comme un événement aigu caractérisé par une aggravation des symptômes respiratoires du patient qui dépasse les variations quotidiennes normales et entraîne un changement de traitement (1, 2).
Elles peuvent être déclenchées par une infection bactérienne ou virale (qui peuvent coexister), des polluants environnementaux, l’arrêt des traitements de fond, la poursuite ou la rechute au tabagisme, ou des facteurs inconnus (1, 3).
Les exacerbations fréquentes peuvent être le signe d’un besoin de réévaluer la prise en charge (3).
- Vestbo J, Hurd SS, Agustí AG et al. Global strategy for diagnosis, management, and prevention of chronic obstructive pulmonary disease: GOLD executive summary. Am J Respir Crit Care Med. 2013;187(4):347-65.
- Ben Saad A, Khemakhem R, Mhamed SC et al. Étude de l’intérêt de l’éosinophilie sanguine au cours des exacerbations aiguës sévères de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) dans un centre tunisien. Pan Afr Med J. 2019;34:138.
- Haute Autorité de santé (HAS). Guide du parcours de soins bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) [en ligne]. [Consulté le 08/05/2025]. Disponible à l’adresse : https://www.has-sante.fr/jcms/c_1242507/fr/guide-du-parcours-de-soins-bronchopneumopathie-chronique-obstructive-bpco
9.
Pourquoi rechercher les maladies associées à la BPCO ?
Il est désormais largement admis que de nombreux patients atteints de BPCO présentent des comorbidités, lesquelles doivent être rigoureusement identifiées et prises en charge, en raison de leur influence négative réciproque.
Parmi les comorbidités fréquemment associées à la BPCO figurent les maladies cardiovasculaires, les troubles musculosquelettiques, le syndrome métabolique, l’ostéoporose, la dépression et le cancer du poumon.
- Haute Autorité de santé (HAS). Guide du parcours de soins bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) [en ligne]. [Consulté le 08/05/2025]. Disponible à l’adresse : https://www.has-sante.fr/jcms/c_1242507/fr/guide-du-parcours-de-soins-bronchopneumopathie-chronique-obstructive-bpco
10.
Quel est le rôle du médecin généraliste dans la prise en charge de la BPCO ?
Le médecin généraliste intervient dans :
- Le diagnostic de la maladie.
- Le suivi.
- L’élaboration d’un plan personnalisé de santé.
- L’évaluation du patient avec la personne aidante.
- La prise en charge médico-administrative.
- La coordination avec les autres spécialités.
- Haute Autorité de santé (HAS). Guide du parcours de soins bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) [en ligne]. [Consulté le 08/05/2025]. Disponible à l’adresse : https://www.has-sante.fr/jcms/c_1242507/fr/guide-du-parcours-de-soins-bronchopneumopathie-chronique-obstructive-bpco
